La transformation de la noix de cajou est un enjeu crucial pour de nombreux pays africains. Alors que la production du continent atteint plus de 2 millions de tonnes, seulement 10 à 15 % sont transformés localement. Ce faible taux de transformation pose le problème de l’efficacité des politiques publiques et la durabilité de l’industrie. C’est dans ce contexte que s’est tenue la 18e Conférence et Exposition de l’Alliance Africaine du Cajou (ACA) à Cotonou, avec un accent particulier sur le renforcement des capacités de transformation et l’autosuffisance des industries locales.
La conférence de Cotonou, un cadre de réflexion pour l’avenir de la transformation
La 18e conférence de l’Alliance africaine du cajou s’est tenue du 17 au 19 septembre 2024 à Cotonou, au Bénin, sous le thème : « Bâtir les capacités pour une industrie du cajou africain durable ». Cet événement a réuni des experts, des producteurs, et des décideurs politiques pour discuter des moyens d’améliorer la transformation locale de la noix de cajou en Afrique.
Lors de la cérémonie d’ouverture, Alimatou Assouman, ministre de l’Industrie et du Commerce du Bénin, a exprimé l’engagement de son pays à dépasser le seuil des 10 % de production transformée en Afrique. « Les compétences, le financement et les capacités existent. Nous allons continuer nos efforts pour approvisionner nos industries et limiter les exportations de noix brutes », a-t-elle affirmé.
Les défis de la transformation en Afrique
En vue d’élucider la question cruciale de la transformation locale, une session plénière sur les politiques gouvernementales en la matière a été organisée. Intitulée « politiques visant à promouvoir la transformation du cajou en Afrique : Faisons-nous un impact ? », elle a mis en lumière les défis liés à la transformation locale, notamment le manque d’infrastructures adéquates, la faible compétitivité des entreprises locales face aux acteurs internationaux, et la nécessité de renforcer les politiques publiques.
Selon les participants, il est essentiel de donner une plus grande place aux acteurs locaux. 60 % des 68 000 tonnes de cajou transformées en Afrique sont le fait de petits transformateurs locaux, souligne Boubacar Konta, président de l’Interprofession du Cajou du Sénégal, démontrant leur rôle clé dans la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.
Des initiatives en faveur de la filière anacarde au Burkina
Au Burkina Faso, des initiatives aussi bien publiques que privées sont mises en place pour renforcer la filière anacarde.
En février 2024, le Burkina Faso a fixé le prix plancher de 310 F CFA/kg pour la campagne de commercialisation de la noix brute de cajou, marquant ainsi une hausse de 10 F CFA par rapport à l’année dernière. Lors de la cérémonie de lancement de la campagne, à Bobo-Dioulasso le ministre du Commerce, Serge Poda, a rappelé l’importance de la filière pour l’économie nationale.
Avec sa production annuelle de plus de 200 000 tonnes, l’anacarde est désormais le troisième produit agricole d’exportation du pays, après le coton et le sésame.
Le ministre a également insisté sur la nécessité pour tous les acteurs de respecter le prix plancher fixé pour cette campagne. En parallèle, des équipements ont été remis aux acteurs de la filière, et une convention de partenariat a été signée entre le Comité Interprofessionnel de l’Anacarde du Burkina (CIAB) et l’ONG Nitadae qui évolue dans la promotion des chaines de valeur des filières, en vue de soutenir la transformation locale.
La transformation de la noix de cajou en Afrique représente un défi majeur, mais aussi une opportunité considérable pour les pays producteurs. Les discussions tenues lors de la conférence de Cotonou et les initiatives mises en œuvre au Burkina Faso montrent qu’il existe une volonté politique et économique de renforcer cette filière. Toutefois, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer une transformation compétitive et durable, en accordant une attention particulière aux besoins des petits producteurs et transformateurs locaux.
Edmond TAPSOBA
Afrique Qui Ose